Créé par l'AFSE en 2015, l'objectif de ce blog est de permettre aux économistes d'avoir des échanges autour des grands thèmes actuels. L’AFSE n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les différentes notes : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

 

Interactivité en amphi

Agnès Benassy-Quere - Professeur d’économie Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Chef économiste à la Direction Générale du Trésor , Laurent Gensbittel - Ingénieur au Service des Usages Numériques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

L’amphi est poussiéreux, le tableau trop petit, la salle surchauffée, les tables trop étroites, les bancs claquent, le micro siffle, la prof respire à peine, dans un nuage de craie. Depuis presque trois heures elle trace au tableau des graphiques incompréhensibles, encadre des formules, tente de les égayer avec une histoire lue le matin même dans le Financial Times. Peine perdue, les étudiants ont décroché dès le premier quart d’heure : un truc qu’ils n’ont pas compris dans les hypothèses ; un « acquis » des années précédentes pas si bien acquis ; une minute d’inattention au mauvais moment.


Faridah Djellal - Professeur à l'Université de Lille

L’année 2015 a été marquée par une modification majeure dans les modalités de recrutement des Professeurs. En effet, dans les disciplines juridiques, politiques, économiques et de gestion (section 1 à 6 du CNU), les MCF peuvent désormais être recrutés au titre d’un concours d’établissement prévu à l’article 46.1 du décret n°84-431 du 6 juin 1984 (cf. décret n°2014-997 du  2 septembre 2014). Cette voie de recrutement complète ainsi celles déjà existantes et prévues aux articles 46.3 (voie dite « longue » ou « normale ») et 46.4 (professionnels et directeurs de recherche sous certaines conditions,  professeurs étrangers ou ayant exercé un certain nombre d’années à l’étranger, MCF IUF…) du décret précité.

L’objet de cette courte note n’est pas de discuter le bien fondé de ce nouvel article 46.1, mais plutôt d’effectuer un premier bilan des types de recrutement effectués par les Universités à l’issue du changement de décret. 


Jean Marc Vittori - Editorialiste au quotidien «Les Echos»

Les économistes n’ont pas toujours peur de se brûler à la chaleur de l’actualité. Lors du Congrès de l’AFSE qui s’est tenu le 22 juin à Rennes, une table-ronde réunissait universitaires et professionnels du secteur pour débattre de la quatrième licence de téléphonie mobile… au moment précis où celle-ci risquait de disparaître. Altice, qui possède les opérateurs SFR et Numéricable, avait en effet confirmé quelques heures plus tôt son offre de rachat de Bouygues Telecom. Le numéro deux du marché aurait alors consolidé sa position en rachetant le numéro quatre.


Arnaud Simon - Enseignant-chercheur, Université Paris Dauphine, MeilleursAgents , Yasmine Essafi - Université Paris-Dauphine

La valorisation du parc immobilier résidentiel français a bénéficié entre 1995 et 2006 d’une plus-value de près de 4 000 milliards d’euros. Or, lorsque le papy-boom débute en 2005 les prix commencent à s’infléchir, et cela avant la crise dite « des subprimes ». Nous défendons l’idée d’une causalité directe entre l’envolée des prix résidentiels et la préparation de la retraite par les baby-boomers. Alors que l’on peut estimer le taux de propriétaires chez les retraités à près de 80%, pour une moyenne française à 58%, et que la majorité d’entre eux ne remboursent plus d’emprunt, la question d’une inégalité intergénérationnelle mérite d’être posée ; et plus particulièrement sur le logement. Un système de répartition de la richesse pensé pour trois générations co-existantes est-il viable lorsque l’on passe à quatre générations co-existantes ? Que penser d’une plus-value patrimoniale de 4 000 milliards d’euros alors que la dette de l’Etat français se monte à 2 000 milliards d’euros ? Déflation, austérité, « crise » ne seraient-ils pas des synonymes pour papy-boom ?


Etienne Wasmer - Professeur à Sciences Po

Ce billet revient sur les débats suscités par une note collective de l’auteur et de ses co-auteurs (Bonnet et alii. 2014) sur le Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty. J’y résume ce débat suscité par les premières interprétations de l’ouvrage de Thomas Piketty, répond à certaines réactions à ce texte et développe des idées sur la fiscalité et les politiques économiques en lien avec notre analyse et d’autres travaux menés au cours de ces dernières années, avec l’accord de mes co-auteurs.  Je les remercie pour les longues et passionnantes discussions sur ce thème, ainsi que Robert Gary-Bobo, Alain Trannoy, Antoine d’Autume.


Résumé:
- Les femmes ont gagné en moyenne 500€ par mois de moins que les hommes sur la décennie passée (à pouvoir d’achat constant)
- Le taux de femmes inactives en âge de travailler est inférieur de 10 points à celui des hommes, même si ce taux tend à diminuer.
- Les inégalités de salaires se créent dans les 10 premières années après la fin des études.
- Ces inégalités s’expliquent en grande partie par des différences d’investissement en capital humain, une psychologie différente mais surtout une mobilité d’emploi spécifique très affectée par les naissances.- Ces inégalités s’expliquent en grande partie par des différences d’investissement en capital humain, une psychologie différente mais surtout une mobilité d’emploi spécifique très affectée par les naissances.


Alain Trannoy - Directeur d'étude à l'EHESS , Etienne Wasmer - Professeur à Sciences Po

La période récente a été fertile en événements importants pour les économistes français, avec le succès phénoménal du livre de Thomas Piketty ‘Le capital au XXIème siècle’ et l’attribution du prix Nobel d’économie à Jean Tirole. En même temps, deux économistes qui ont marqué leurs contemporains, Edmond Malinvaud et Bernard Maris nous ont quittés. On ne peut passer sous silence que cette année a été marquée par la dure querelle sur la question de la création d’une nouvelle section avec par endroits une animosité qui, me semble-t-il, a dépassé les bornes du tolérable dans le débat de nature académique. L’AFSE qui se veut l’association de tous les économistes français s’est réjouie du succès du livre de Thomas Piketty et s’y est associée en lui attribuant le prix du meilleur livre d’économie, elle a félicité Jean Tirole et a relayé sur son site la recension de son œuvre par David Encoua parue dans la revue d’économie politique. Elle organise un hommage à Edmond Malinvaud au Congrès de Rennes et elle s’associe à l’hommage rendu par l’association Charles Gide à Bernard Maris toujours à ce même congrès. L’AFSE a fait connaître en son temps ses positions quant à la création d’une nouvelle section et elle a soumise aux ministres concernés des suggestions originales d’amélioration du fonctionnement du CNU. L’AFSE n’a pas jusqu’ici souhaité orchestrer ses positions au moyen d’une publicité tapageuse car elle ne pense pas qu’in fine ce soit dans le tohu-bohu médiatique que le chemin du dialogue et d’un certain dépassement des conflits puisse être trouvé.