Billet(s) publié(s)
Il paraît évident que le modèle économique de la zone euro évolue dans un sens différent de celui du modèle traditionnel du libéralisme (appelons ce modèle le « consensus ancien de Washington »), sans doute en réponse aux demandes des opinions. La zone euro devient plus protectrice (contre le dumping social ou environnemental, contre les acquisitions étrangères, contre les multinationales de l’Internet) ; elle souhaite avancer vers la coordination fiscale et sociale de ses pays (harmonisation fiscale, réduction des biais de compétitivité comme les travailleurs détachés) ; elle souhaite un supplément d’interventionnisme des Etats (investissements publics du Plan Juncker, proposition de budget de la zone euro, mise en place de projets communs d’investissement public) ; elle a mis la politique monétaire au service de la croissance. Certaines évolutions sont clairement favorables ; il faudrait se demander si d’autres ne peuvent pas nuire au dynamisme économique de la zone euro (s’il y a réduction de la concurrence, rôle accru des Etats dans les investissements, peut-être hausse de la pression fiscale).
L’Europe est-elle un atout pour les pays membres de l’Union Européenne, est-elle au contraire un obstacle à leur croissance en raison des déficiences de sa construction institutionnelle ? La question vaut la peine d’être posée alors que, dans un nombre croissant de pays de l’Union Européenne soit la question de la sortie de l’UE est ouvertement discutée, soit les opinions ont une vision de plus en plus critique de l’apport de l’Europe à leur pays (c’est le cas en Pologne, en Hongrie, aux Pays-Bas, en France, en Italie, et il y a bien sûr le Brexit). Quand on se pose cette question, une première difficulté est que l’analyse n’est pas la même selon qu’on s’intéresse à l’Union Européenne ou à la zone euro.