Créé par l'AFSE en 2015, l'objectif de ce blog est de permettre aux économistes d'avoir des échanges autour des grands thèmes actuels. L’AFSE n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les différentes notes : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

 

Alain Trannoy - Directeur d'étude à l'EHESS

Ecole d’économie d’Aix-Marseille, EHESS et Association française de sciences économiques (AFSE)

On l’oublie un peu vite, mais lors de l’élection présidentielle de 2012, l’enjeu de la soutenabilité de la dette publique était beaucoup plus prégnant qu’aujourd’hui. La crise des dettes publiques européennes battait son plein, avec la faillite de l’Etat grec. Cinq ans plus tard, la politique d’assouplissement quantitatif pratiquée par la Banque centrale européenne (BCE) sous l’autorité de Mario Draghi a fait merveille. En rachetant massivement des titres de dette publique aux banques européennes, elle a contribué à diminuer considérablement la charge de la dette. Selon la Cour des Comptes, 40 % de la réduction du déficit public sous le quinquennat Hollande ont été obtenus à travers une réduction du taux d’intérêt, exigée par les emprunteurs sur la dette française. Le ratio de dette publique « au sens de Maastricht » a même baissé au troisième trimestre 2016 par rapport au second trimestre et s’établit à 97,6 % du PIB de la France. Le danger d’un étouffement des finances publiques et de la croissance sous le poids de la dette est-il définitivement écarté pour autant ?


Lionel Fontagne - Economiste au Centre d’économie de la Sorbonne, membre de l’Association française de science économique (AFSE) et du Cercle des économistes

Economiste au Centre d’économie de la Sorbonne, membre de l’Association française de science économique (AFSE) et du Cercle des économistes

En 1436, la Chine s’est détournée de la mondialisation : un édit impérial ordonnait la destruction de sa puissante flotte maritime. Par la suite, la construction de navires de haute mer fut interdite, sous peine de mort. La priorité était en effet à la Grande Muraille pour résister à la pression mongole, et les mandarins considéraient l’agriculture, et non le commerce, comme seule source de richesse.

Cet épisode de fermeture rappelle que la mondialisation a d’abord une dimension politique, particulièrement sensible quand les technologies permettent un bond en avant : l’utilisation de la boussole et de navires de haute mer par les Chinois au XVe siècle, les porte-conteneurs et Internet aujourd’hui.

Il est donc naturel que la mondialisation s’invite dans le débat politique. Mais à la différence de la Chine du XVe siècle, la France est une économie de petite taille, déjà très engagée dans la mondialisation.


Gilbert Cette - Professeur d’économie associé à l’Université d’Aix-Marseille, ancien président de l’AFSE

Professeur d’économie associé à l’Université d’Aix-Marseille, ancien président de l’AFSE.

Parmi les pays les plus développés, très peu souffrent d'une situation de chômage massif et durable. Il s'agit essentiellement des quatre pays de l'Europe du Sud (Italie, Espagne, Grèce et Portugal) et... de la France (Cf. Graphique 1). Au début de 2017, le taux de chômage s’élève ainsi à près de 10 % en France et, en moyenne, à environ 6 % dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Les crises économiques, et en particulier la crise financière qui s'est amorcée en 2008, ne peuvent donc être invoquées puisqu’elles n’ont pas condamné les autres pays, qui les ont également traversées, à demeurer dans cette situation de chômage massif. Des destructions d’emplois induites par le progrès technique et l’économie numérique n’en portent pas non plus la responsabilité puisque, en France comme dans les autres pays développés, les gains de productivité sont très bas depuis le début des années 2000, à des niveaux rarement sinon jamais connus depuis le second conflit mondial (Cf. Tableau 1). Une insuffisance des dépenses publiques n’est pas non plus en cause : les Etats des nombreux pays au plein emploi ont tous été moins dépensiers que le nôtre. Les raisons d’un tel chômage massif diffèrent selon les pays qui en pâtissent, et je n’évoque ci-dessous que trois d’entre elles, parmi les plus importantes concernant la France, en reprenant des éléments des analyses développées avec Jacques Barthelemy (par exemple dans Barthelemy et Cette, 2015).  


OFCE - Observatoire français des conjonctures économiques

L’analyse du tissu productif français mène aux conclusions suivantes :
Le coût du travail. La France a un coût salarial horaire voisin de celui de l'Allemagne. Le problème de la France vient davantage d’un coût du travail nettement plus élevé dans les services marchands, ces derniers étant un intrant important des industries manufacturières. L'Espagne se distingue par son entrée dans une politique de modération salariale.
L'investissement productif. Le volume d’investissement n’est pas en cause. C’est bien la nature de l’investissement réalisé par les entreprises qui est questionnable. L’investissement des entreprises semble notamment trop orienté vers l’immobilier, du fait de prix élevés, et non vers la montée en gamme.
Le positionnement en gamme. La France fait des efforts de R&D significatifs mais plus faibles que les pays les plus innovants, comme l'Allemagne.
La destruction créatrice. Dans l'ensemble, la vision commune qui voit en France un déficit de création d'entreprises est fausse. La France peine pourtant à renouveler en profondeur l’appareil productif du fait d'un processus concurrentiel qui avantage les entreprises déjà en place.


Antoine Marsaudon - Hospinnomics (AP-HP, PSE), Paris 1

Dans son rapport annuel pour l’année 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime le nombre de personnes infectées par le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) dans le monde à 36,7 millions, dont 2,1 millions de nouvelles infections et 1 million de décès dans l’année. L’Afrique sub-saharienne est de loin la région du monde la plus touchée par l’épidémie avec 25,6 millions de personnes séropositives. Elle concentre également près de 70% des nouvelles infections [1]. Le Kenya fait état du même constat : avec une séroprévalence estimée à 5,9% de la population en 2015, il est le 6ème pays d’Afrique le plus affecté par l’épidémie


COP21, prix du carbone, quoi de neuf ?

Katheline Schubert - Professeur d'économie, Paris School of Economics, Université Paris 1

Alors que s’annonce la COP21 (Paris 2015), le Carbon Pricing Panel, sous l’égide de la Banque Mondiale, du FMI et de l’OCDE, produit un texte parallèle signé par plusieurs chefs d’Etat et dirigeants de grandes entreprises de par le monde appelant à donner un prix au carbone[1].


Hippolyte d'Albis - Professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne , Ekrame Boubtane - CERDI, Université d’Auvergne

En démographie, les équations sont généralement simples. C’est sympathique, attrayant mais cela masque trop souvent des calculs qui le sont rarement. Cette apparente simplicité confère un grand crédit aux démographes mais, malheureusement, réduit parfois l’esprit critique de leurs auditeurs.

La 22ème livraison de Insee Analyses, parue en octobre 2015, propose une « analyse des flux migratoires entre la France et l’étranger entre 2006 et 2013. » Plusieurs résultats concernant, en particulier, la comparaison des soldes migratoires des personnes nées en France et des personnes nées à l’étranger et l’évolution des départs à l’étranger des personnes nées en France ont été abondamment repris dans la presse. Certains commentateurs se sont félicités de ce que ces résultats « bousculaient les idées reçues » tandis que d’autres se sont fendu d’un très élégant « je l’avais bien dit. »  Dans ce qui suit, nous proposons une présentation critique des résultats du Insee Analyses n° 22. Si la décomposition des soldes migratoires en fonction des lieux de naissance des personnes est intéressante, il nous semble que les résultats concernant les flux de départ à l’étranger des personnes nées en France ne sont pas robustes.


Alain Ayong le kama - Professeur d’économie à l’Université de Paris Ouest, Nanterre – La Défense

Au-delà de la nécessaire efficacité des mesures qui seront retenues lors de la COP21 pour véritablement lutter contre le changement climatique,  chère à mes collègues économistes, il faudrait d’abord garantir un minimum d’acceptabilité de celles-ci par les différentes parties prenantes.

De mon point de vue, une des clés de cette acceptabilité, et donc de la « réussite » de la COP21, est le « traitement » qui sera réservé aux pays dits « vulnérables », et aux pays africains en particulier ; … si les mesures proposées ne vont pas dans le sens d’une réduction des injustices qu’ils subissent en matière de capacité d’adaptation au changement climatique, aucun accord ne pourra être obtenu.


Gilles rotillon - Professeur émérite de sciences économiques à l’université Paris Ouest

La COP 21 qui va se tenir à Paris à la fin de l’année aborde donc une nouvelle fois la question du changement climatique qui pour l’instant n’a toujours pas été réglée. Depuis qu’elle se pose, les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui en sont responsables ont augmentées de 60% alors même que les différentes COP avaient leur réduction à leur ordre du jour. La difficulté principale vient du caractère extrêmement diffus de ces émissions. Si par bonheur il y avait un responsable identifiable, il serait sans doute beaucoup plus facile de prendre des mesures, comme par exemple avec le problème de l’ozone, réglé pour l’essentiel par le protocole de Montréal, avec l’interdiction des gaz (CFC) en cause. Mais dans ce cas, les producteurs étaient principalement au nombre de trois (les américains ICI et Du Pont de Nemours et l’européen Atochem) et ils avaient à leur disposition les substituts qui permettaient de continuer comme avant, tout en éliminant l’impact sur l’ozone.