Créé par l'AFSE en 2015, l'objectif de ce blog est de permettre aux économistes d'avoir des échanges autour des grands thèmes actuels. L’AFSE n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les différentes notes : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

 

Laurence Scialom - Professeure, Université Paris Nanterre, EconomiX

Silvergate, SVB, Crédit suisse… les mouvements de retraits massifs de dépôts dans des banques américaines et dans une banque suisse ont remis au-devant de la scène la fragilité des institutions bancaires en période de remontée des taux d’intérêt. Dans ce billet, nous revenons sur les origines des crises bancaires récentes et sur leur mode de résolution. Nous montrons que les leçons de la crise bancaire de 2008 ont été en partie oubliées et que les mécanismes de renflouement adoptés sont une entorse au principe de responsabilité ultime des actionnaires.


Mathieu Perona - Directeur exécutif de l’Observatoire du Bien-être du Cepremap

Depuis 2020, l’Observatoire du bien-être du Cepremap publie, en complément de ses notes de conjoncture trimestrielles, un rapport annuel retraçant les évolutions du bien-être subjectif en France sur l’année écoulée. Nous présentons ici en avant-première les grandes lignes du premier chapitre de cet ouvrage. La perspective d’un retour à la normale en 2022 a volé en éclat avec l’invasion russe en Ukraine. Fin 2022, les grandes dimensions du bien-être subjectif retrouvent des niveaux similaires à ceux de la crise des Gilets jaunes. L’inflation, et surtout la peur que celle-ci s’installe dans la durée, joue un rôle central dans cette dégradation qui, contrairement à l’épisode des Gilets jaunes, ne fait pas apparaître de grande ligne de fracture. Face à un avenir menaçant, la tentation est plutôt de se replier sur le passé et sur l’intime. Les autres chapitres de notre rapport portent sur les représentations de la société française et de la mobilité sociale, sur les conséquences de la généralisation du télétravail et sur le lien entre bien-être et dérèglement climatique.


Sullivan Hué - Maître de conférences à Aix-Marseille School of Economics

Lauréat du prix de thèse monétaire, financière et bancaire 2021 de la Fondation Banque de France, et actuellement maître de conférences à Aix-Marseille School of Economics, Sullivan Hué présente dans ce billet les résultats de ses recherches menées sous la direction de Sessi Tokpavi et Elena Dumitrescu à l’Université d’Orléans (Laboratoire d’économie d’Orléans). Le chapitre de sa thèse présenté dans ce billet, issu d’un article co-écrit avec Elena Dumitrescu, Christophe Hurlin et Sessi Tokpavi et publié dans European Journal of Operational Research, s’intéresse à l’utilisation des algorithmes d’apprentissage automatique pour la notation de crédit. Il propose un modèle de notation de crédit original dont l’objectif est d’améliorer les performances prédictives du modèle de référence de notation de crédit, c’est-à-dire la régression logistique, à partir de techniques d’apprentissage automatique, tout en préservant l’interprétabilité intrinsèque du modèle traditionnel.


Billet collectif - Initialement publié sur VoxEU

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a suscité une réaction rapide et vigoureuse des gouvernements de l'UE. Ce billet présente les résultats d’une enquête auprès d'étudiants européens visant à étudier l'impact de l'invasion sur les attitudes envers l'UE et l'Europe. Les résultats montrent que les attitudes pro-européennes se sont renforcées immédiatement après l'invasion. L’attachement pro-européen des sondés semble relativement plus important au niveau des pays, plutôt que de leur situation personnelle. L'invasion semble avoir rapproché les Européens, en les ralliant autour du drapeau européen.


Antoine Ferey - Maître de conférences en économie à l’Université Ludwig-Maximilians de Munich

Lauréat du Prix de thèse d’économie 2022 de l’AFSE (conjointement avec Stéphane Benveniste), Antoine Ferey présente dans ce billet des résultats de ses recherches menées lors de sa thèse à l’École Polytechnique (laboratoire du CREST—ENSAE). Le chapitre présenté s’intéresse aux interactions entre différents éléments du système socio-fiscal : les politiques redistributives et l’assurance chômage. Le résultat central est qu’il existe une condition d’efficacité (au sens de Pareto) reliant le barème des politiques redistributives et le barème de l’assurance chômage. En pratique, cette relation implique que les taux de remplacement de l’assurance chômage doivent décroitre avec le revenu. Une application empirique réalisée pour cette note montre que ces taux de remplacement ne sont pas suffisamment décroissants au sein du système socio-fiscal français. Il existe donc des gains d’efficacité à une meilleure coordination entre politiques redistributives et assurance chômage en France.


Stéphane Benveniste - Post-doctorant à l'INED, chercheur associé à Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Institut National d'Études Démographiques (INED)

Lauréat du prix de thèse de l’AFSE 2022 (conjointement avec Antoine Ferey), Stéphane Benveniste présente dans ce billet quelques résultats extraits de sa thèse "Les Grandes Écoles au 20ᵉ siècle, le champ des élites françaises : reproduction sociale, dynasties, réseaux », réalisée sous la direction d'Alain Trannoy à Aix-Marseille Université. Grâce à l’exploitation statistique des patronymes sur plus d’un siècle, il mesure la surreprésentation croissante des Parisiens sur les bancs des très grandes écoles, la rémanence des familles d’ascendance aristocratique, ainsi que les taux d’admission fortement supérieurs des enfants de diplômés des grandes écoles. Les enfants des dirigeants politiques et économiques bénéficient d’un « double dividende » avec en outre de meilleures perspectives de carrières que leurs camarades de promotion.


Claude Meidinger - Professeur émérite de sciences économiques, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Confrontées à une croissance largement non anticipée de l’inflation, les banques centrales ont réaffirmé un objectif d’inflation de 2 %, qu’elles n’ont d’ailleurs pu atteindre lors de leur lutte précédente contre la déflation. La note s’interroge sur l’opportunité d’un retour à une telle cible et sur les effets que peut avoir un mandat de banque centrale centré sur la seule stabilité des prix.


Charles Dennery - Docteur en économie

L’exécutif est décidé à dégager d’importantes économies sur les retraites, par le biais d’une réforme paramétrique augmentant l’âge légal ou la durée d’assurance. Cette réforme répond à une double nécessité, car les retraites coûtent pour ainsi dire deux fois : non seulement elles représentent une part massive du PIB et des dépenses publiques, mais le départ relativement précoce à la retraite diminue le taux d’activité, et donc la richesse produite par le pays. Dans un contexte de faible hausse des gains de productivité, seule une hausse du taux d’emploi permet d’augmenter le pouvoir d’achat des Français et de financer les services publics (éducation, santé, défense, transition verte…). Emmanuel Macron a renoncé à une réforme systémique comme en 2019-2020, mais cette réforme peut néanmoins permettre d’améliorer la clarté et l’équité globale de certains paramètres du système.


Anne Rozan - Professeur à l’Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg (ENGEES), membre du GESTE (UMR ENGEES-INRAE) et chercheur associé au BETA. Elle est vice-présidente du Conseil Scientifique du Comité de Bassin de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, et experte à la commission d’agrément Agri-Mieux de l’AERM. , Sandrine Spaeter - Professeur à l’Université de Strasbourg et chercheur au BETA. Elle est également administratrice d'une mutuelle d'assurances et membre de son comité des risques, d'audit et des comptes.

Le 1er janvier 2023 entrera en vigueur le nouveau système français de couverture des risques agro-climatiques des exploitants agricoles. Si les règles d’éligibilité ont été largement simplifiées et le principe de la subvention confirmé afin de renforcer les incitations des agriculteurs à s’assurer, la protection est le parent pauvre de la réforme. Nous discutons ici des effets contre-productifs que la subvention peut créer en rendant l’assurance substituable aux investissements en protection alors même que ces deux activités ont tout pour se compléter en théorie.


Didier Blanchet - Chercheur associé à l’IPP et à la chaire Mesure de l’économie de l’Ecole d’économie de Paris. Il préside également le comité le suivi des retraites.

La question du « travailler plus » est de nouveau au cœur du débat sur la retraite. Mais le surcroît de croissance que ses partisans en attendent semble aller à rebours de l’objectif de décarbonation de l’économie, qui appellerait à moins plutôt qu’à davantage de croissance. Jusqu’où va le dilemme ? Quels éléments prendre en compte pour définir une croissance qui essaierait d’être à la fois grise et verte ?